De Ferguson à New York à la Palestine, solidarité avec la résistance à l'oppression raciste !

« Personne au monde, personne dans l’histoire n’a jamais obtenu sa liberté en faisant appel au sens moral de ceux qui l’oppriment...Les prisons sont une entreprise rentable. Ils sont un moyen de perpétuer légalement l'esclavage. Dans chaque état de plus en plus de prisons sont construites et plus encore sont en projet. Pour qui sont-elles? Ils n'ont certainement pas l'intention de mettre les gens blancs dedans. Les prisons sont une partie de la guerre génocidaire de ce gouvernement contre les personnes noires et du Tiers-Monde. »

Assata Shakur

« Je parle en tant que victime de ce qu'on appelle la démocratie américaine. Vous et moi n'avons jamais vu la démocratie - tout ce que nous avons vu est de l'hypocrisie. Quand nous ouvrons nos yeux aujourd'hui et regardons autour de l'Amérique, nous ne voyons pas l'Amérique à travers les yeux de quelqu'un qui a connu les fruits de l'américanisme. Nous voyons l'Amérique à travers les yeux de quelqu'un qui a été victime de l'américanisme. Nous ne voyons pas de rêve américain. Nous avons connu seulement le cauchemar américain. »

Malcom X

« Ce procès ne peut être séparé du processus de la lutte historique en Palestine qui continue aujourd’hui entre le mouvement sioniste et le peuple palestinien, une lutte centrée sur la terre, l’histoire, la civilisation, la culture et l’identité palestiniennes. C’est pourquoi toute tentative de fermer les yeux sur cette réalité lorsque nous traitons des répercussions du conflit serait une tentative arbitraire contre les faits et la raison. Un jugement arbitraire par des oppresseurs arrogants qui essaient de soumettre les Palestiniens en utilisant les méthodes de l’occupation qui contrôle la terre dans le dit conflit. »

Ahmad Sa'adat

Samidoun – Réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens salue la résistance menée par le mouvement Noir qui a pris les rues de toutes les grandes villes aux États-Unis pour défendre la vie des personnes noires et résister aux crimes policiers soutenus par l'État, le ciblage et le profilage des Noirs et des autres communautés opprimées. Ces manifestations, menés par la jeunesse militante noire et par leurs camarades, ont occupé les autoroutes, les routes et les ponts, perturbé le train-train quotidien. Elles sont de véritables étincelles d'Intifada contre lun système raciste d'exploitation et d'oppression.

"Je ne peux pas respirer" (« I can't breathe), "Mains en l'air, ne tirez pas" (« Hand's Up ! Don't shoot »), "Les vies des noirEs comptent" (« Black Lives Matter ») : ces slogans, dans leur clarté, sont une affirmation d'existence et derésistance face à un système raciste qui a été construit pendant des siècles sur la dévalorisation, la négationet la suppression des droits des Noirs, de leur existence et de leur lutte.

Par les verdicts qu'ils ont rendu, des grands jurys ont refusé d'engager des poursuites pour meurtre contre les policiersqui ont tué Michael Brown à Ferguson (Missouri), Eric Garner à Staten Island (New York), John Crawford à Cleveland (Illinois). Tout comme ils acquittent ou refusent de poursuivre d'innombrables autres policiers qui ont agi avec la pleine autorité de l’État en terrorisant les communautés noires. Ce ne sont pas de simples failles dans le système. Ils reflètent plutôt la nature raciste et oppressive du système jurdiciaire des États-Unis.

Les États-Unis, première puissance impérialiste au monde, sont responsables de l'occupation, de l'exploitation et de l'oppression dans le monde entier. Le gouvernement américain s'est édifié à travers la dépossession et le génocide des peuples autochtones et le pays a été construit sur le dos des Noirs réduits en esclavage. Aujourd'hui, le gouvernement des États-Unis est le partenaire stratégique et l'allié le plus puissant de l'occupation de la Palestine, alors que l’État d'Israël entraîne la police américaine à des tactiques répressives de contre-insurrection testées sur les Palestiniens sous occupation.

Les tribunaux américains, la police et les prisons constituent un régime d'incarcération de masse qui cible les communautés noires avec des violences systématiques, perturbant et détruisant les communautés. Comme nous le rappelle le Malcolm X Grassroots Movement, toutes les 28 heures, un Noir est tué aux États-Unis par des meurtriers à la solde de l'État ou protégés par l'État, notamment par des policiers et des miliciens privés [vigilantes]. La police– la répression violente qu'elle exerce et l'impunité dont elle bénéficie–, et les prisons – l'incarcération de masse - qui fonctionnent de concert avec les tribunaux, qui donnent à cette structure raciste une apparence « légitime ». Cette légitimité se manifeste à travers le fait que les tueurs de Mike Brown, Eric Garner , John Crawford, et d'innombrables autres sont libres de leurs mouvements alors que des communautés entières sont terrorisés par les arrestations la surveillance et l'oprression constantes exercées par la police.

Le système de grand jury qui garantit l'impunité des policiers assassins est le même qui a été utilisé pour mener de vastes enquêtes , et organiser la répression politique, le harcèlement institutionnalisé et l'élimination du mouvement de libération noire, de l'American Indian Movement, des indépendantistes portoricains et des organisations anti-impérialistes. Il continue aujourd'hui à être utilisé pour enquêter, surveiller et harceler les organisations de la communauté palestiniennes, les mouvements anti-guerre et des militants de la solidarité internationale, comme dans les cas de Sami al-Arian, Mohammed Salah, Abdelhaleem Ashqar et des "23 anti-guerre "à Chicago et Minneapolis.

Lorsque des prisonniers palestiniens sont traduits devant les tribunaux israéliens, militaires ou civils, il n'y a pas de justice à en attendre - le système juridique israélien étant construit sur la dépossession de la terre palestinienne et la négation de la vie et del'existence des Palestiniens. Lorsque des soldats et les colons de l'occupation sont acquittés ou ne sont pas inculpés pour l'assassinat de Palestiniens, ile ne faut pas s'en étonner, cela fait partie idu système lui-même. Le système juridique israélien est un système d'apartheid, qui fait partie intégrante de l'occupation, de ce même système que le mouvement palestinien combat afin de libérer la terre et le peuple.

Il ne faut pas s'étonner de l'existence d'une alliance entre les États coloniaux des États-Unis et Israël, basée fondamentalement sur le racisme et l'oppression. C'est l'impérialisme américain qui permet et arme l'occupation et la colonisation de la Palestine, le mouvement palestinien lutte donc à la fois contre l'occupation sioniste et l'impérialisme américain. Malgré tout, les puissants mouvements qui prennent la rue et la longue tradition du mouvement de libération noire sont à nos yeux porteurs d'une véritbale espoir et une authentique inspiration.

Aujourd'hui, les prisons américaines – qui affichent le plus taux d'incarcération le plus élevé du monde – détiennent plus de 2,2 millions de personnes, dont plus de 900 000 Noires, parmi lesquels on trouve des prisonniers politiques du mouvement de libération noire comme Mumia Abu-Jamal, ainsi que les prisonniers politiques portoricains Oscar López Rivera, Norberto González Claudio, Leonard Peltier de l'American Indian Movement. Mais aussi des prisonniers politiques palestiniens comme Rasmea Odeh, – dirigeant communautaire, ayant survécu à la torture de l'occupation, aux interrogatoires et à l'emprisonnement, maintenu à l'isolement– et les « Holy Land 5 » qui purgent des peines allant jusqu'à 65 années de prison pour des collectes de fonds au profit d'organisations caritatives palestiniennes.

Les Palestiniens et les amis de la Palestine, comme les Étudiants pour la Justice en Palestine, le Réseau communautaire palestinien aux États-Unis, et de nombreux collectifs et organisations ont rejoint les manifestations dans les rues de New York DC, Chicago, Oakland, San Francisco, Los Angeles, Miami, Boston, Cleveland, Ferguson, Saint-Louis et à travers tout le pays. C'est un pas en avant prometteur qui prend acte des liens de longue date entre les communautés palestiniennes et noires et vise aussi à renforcer, consolider et construire ces liens dans la lutte.

C'est un impératif de justice qui anime le soutien à la lutte du mouvement de libération noire et la reconnaissance de sa centralité; et c'est aussi une reconnaissance par l'expérience commune du fait que «De Ferguson à la Palestine, l'occupation est un crime ». Ces manifestent portent en elles les graines de l'Intifada et de la révolution, contestant la nature même du système impérialiste raciste qui est au cœur de la répression, de Ferguson et des communautés noires à travers les États-Unis jusqu'aux camps de réfugiés palestiniens, et construisant le mouvement et les actions nécessaires pour atteindre la Libération Noire et une Palestine libre de la mer au Jourdain.

Liberté pour tous les prisonniers politiques ! Stop à l'incarcération de masse ! Abolition du système pénitentiaire raciste !

Source : Samidoun - Traduit par nos soins (avec l'aide amicale de sympathisants).