29 Mai 2011
A l'occasion du Gala des Enragé-e-s, un débat autour du thème "S'organiser contre la répression" a eu lieu. Nous reproduisons ci-dessous notre intervention.
Introduction
Nous tenons tout d'abord à remercier le Gala des Enragés et le Pavillon Noir de nous avoir invité à ce débat, « S'organiser face à la répression ! ». Nous pensons que ces rencontres sont très positives pour faire vivre une solidarité avec les victimes de la répression, en particulier aujourd'hui en soutien aux 7 étudiants injustement inculpés de l'Université Toulouse II Le Mirail.
Un contexte à l'augmentation de la répression
L’accentuation des contradictions économiques et sociales, comme la montée du chômage, la misère dans les quartiers populaires, la crise économique... impose l’adoption de mesures qui restreignent les droits de la majorité, et l’accentuation de la répression : chasse aux sans papiers, restriction du droit de grève (notamment dans les transports), fichage ADN, loi LOPPSI et la liste est encore longue. La stratégie est claire : maintenir les profits d'une minorité en exploitant la majorité d'entre nous, en utilisant toutes les armes nécessaires pour maintenir sa domination et faire taire toute contestation du système.
Les mesures légales accompagnent donc une tendance générale réactionnaire dans tous les domaines : emprisonnement de militants, jeunes abattus dans les quartiers populaires, sanctions pénales contre les ouvriers en lutte comme ceux de Continental, engorgement des prisons, retour de la morale, glissement à droite de tous les partis dans le sillage du Front National, contrôle accru sur tous les aspects de la vie... Ce ne sont là que quelques exemples parmi tant d’autres.
Mais s’agit-il d’une fascisation, au sens de la marche vers une dictature terroriste ouverte de la bourgeoisie, comme le clament ceux qui pointent exclusivement le danger Marine Le Pen? Nous pensons que non. Avancer cela, ça revient, d’une certaine façon, à opposer les partis "républicains" à l’extrême droite, à valoriser les partis dits "démocratiques", et à passer à la trappe la lutte contre la politique bourgeoise, de l'ex Gauche Plurielle à l'UMP.
Car ceux qui répriment ce sont bien eux ! Les 7 étudiants inculpés du Mirail en sont un exemple flagrant. En effet, l'administration de la fac est rappelons le une administration CFDT (syndicat de « gauche »), qui n'a été dans cette affaire que le bras du gouvernement pour faire taire la contestation étudiante.
Les militants de la Voie Démocratique Basiste : un symbole de la répression
Nous souhaiterions profiter de ce débat, pour informer sur la situation d'autres étudiants réprimés. Mais cette fois ci pas en France, mais au Maroc.
Les arrestations ont commencé le 14 mai 2008, jour qui a été marqué par la révolte historique des étudiants à l’université Cadi Ayyad Marrakech, parallèlement à la bataille du peuple marocain pour la gratuité de l’enseignement, des services publics et pour le refus de leur privatisation, la bataille où le peuple a donné de nombreux martyrs et des centaines de détenus politiques.
Le 14 Mai 2008, les étudiants de l’Union Nationale des Etudiants du Maroc (UNEM) et de la Voie Démocratique Basiste (une organisation maoïste) ont organisé plusieurs manifestations afin de d’obtenir certaines revendications politiques et syndicales, telle que la libération des détenu(e)s politiques, l’amélioration des conditions de vie ( les prix des produits d’alimentation, du logement), l’obtention des bourses et pour mettre fin au campement des forces de répression à l’université ainsi que d’autre revendications pédagogiques.Le régime réactionnaire qui existe au Maroc, n’a pas hésité à réprimer ce mouvement et par conséquent une large opération d’arrestations et de détention a eu lieu. Les premiers victimes ont été un groupe d’étudiants composé de 7 militants détenus le 14 mai 2008 et un deuxième groupe de 11 militants (groupe de Zahra BOUDKOUR) détenus le 15 mai dont deux d’entre eux sont encore en prison ( Mourad CHOUINI : 4 ans de prison à Essaouira et khalid MIFTAH : 3 ans de prison à Marrakech).
La lutte du peuple marocain a continué après le 14 mai 2008 et le mouvement a poursuivi sa démarche pour les revendications légitimes précitées, pour les libertés politiques et syndicales ainsi que la libération des étudiants détenus et pour ce faire, le mouvement a donné durant deux ans de nombreux sacrifices notamment un martyr ‘’Abderrazak EL GADIRI’’ et d’autres détenus politiques.
Le 10 octobre 2010 les forces de répression ont kidnappé un autre militant basiste Youssef EL HAMDIA dans sa maison à Marrakech (condamné à deux ans au niveau du tribunal de première instance puis un an et demi de prison au niveau de la cour d’appel à cause de sa participation au mouvement) prisonnier à Essaouira.
Deux jours après les forces de répression en kidnappé la militante Ilham EL HASNOUNI dans sa maison à Essaouira, le 13 octobre 2010, et la procédure se poursuit jusqu’à maintenant devant le juge d’instruction pour sa participation aux manifestations de 2008.
Depuis, la répression n'a cessé de continuer avec de nombreuses arrestations de militants de la Voie Démocratique Basiste. Malgré cela, ces militants ont toujours continué leur combat en étant actifs pour la libération de leurs camarades et en continuant la mobilisation à l'intérieur et à l'extérieur de l'université.
La répression s'est d'ailleurs accélérée suite à l'important mouvement de contestation du régime marocain, appelé « mouvement du 20 février 2011 », dans la droite ligne des luttes en Tunisie, en Égypte et dans tout le Monde Arabe.
Comme en France, le pouvoir utilise de faux prétextes pour réprimer. Le régime n'avoue pas l’existence des détenus politiques au Maroc et il condamne les militants pour des infractions du premier et du deuxième degré (délits et crimes) dans un but de criminalisation du mouvement politique et syndical, comme c’était le cas dans les années soixante-dix et quatre-vingts, connues sous le nom des « années de plomb ». Le régime marocain a voulu faire croire, ainsi que les médias internationaux dominants, que cette page d’histoire était tournée. Mais, sous le vernis des réformes, l’oppression est restée la même, le régime est toujours tortionnaire.
Faire vivre les solidarités, ici et ailleurs
Si aujourd'hui on a décidé d'intervenir plus particulièrement sur la répression des étudiants marocains, c'est pour montrer que tous ces cas de répression sont liés, qu'ici ou au Maroc nous nous battons contre un même ennemi.
Pour nous le meilleur moyen de lutter contre la répression, c'est de faire vivre l'internationalisme, mais aussi de construire des solidarités concrètes avec les réprimés, et d'unir nos forces contre le capitalisme et l'impérialisme.