Le régime réactionnaire jordanien interdit une commémoration d'Abu Ali Mustafa !

Pour la deuxième année consécutive, le régime jordanien a interdit une manifestation communautaire et culturelle pour honorer le dirigeant palestinien Abu Ali Mustafa à l'occasion du 17e anniversaire de son assassinat par les forces d'occupation israéliennes avec des armes fabriquées et financées par les États-Unis.
 

Notre collectif anti-impérialiste Coup Pour Coup 31 s’associe à la dénonciation de cette interdiction. Vous pouvez retrouver ICI le compte rendu de la délégation de notre collectif qui s’est rendue cet été en Jordanie à la rencontre des réfugiés palestiniens.

Nous reproduisons ci-dessous la traduction d’un article du site Abu Ali Mustafa, reprenant une partie des analyses du dirigeant à propos du régime réactionnaire jordanien :

L'événement devait avoir lieu le mercredi 29 août au bureau du Parti Wihda (Parti de l'Unité Démocratique Populaire), dans la cour du bureau du parti. Le gouverneur d'Amman a émis un ordre empêchant l'événement, et le parti Wihda a convoqué une réunion d'urgence pour déterminer comment procéder à la lumière de ces événements.

Lorsque Abu Ali Mustafa a été assassiné par l'occupation israélienne, il était le secrétaire général du Front Populaire de Libération de la Palestine après avoir consacré sa vie au mouvement révolutionnaire palestinien et arabe. Durant ses années de lutte, il a été emprisonné à plusieurs reprises et a passé des années dans la prison jordanienne après avoir été arrêté en 1957 pour son appartenance au Mouvement nationaliste arabe après l'interdiction des partis politiques en Jordanie.

Au cours de sa vie, Abu Ali Mustafa a reconnu la nature du régime jordanien. Comme l'écrit Khaled Barakat dans "Les leçons du travailleur révolutionnaire":

"Quant au régime jordanien, il le considérait comme un pouvoir réactionnaire et un agent des puissances coloniales. Il a estimé que ce régime avait des fonctions spécifiques : protéger l'occupation israélienne afin de préserver le pouvoir de la classe dirigeante et l'autorité des magnats financiers de Jordanie, et que ce régime continuerait à travailler pour un accord de paix avec Israël, dans la continuité de l'approche de Sadate¹ ... Bien sûr, le camarade Abu Ali ne s'attendait pas, dans ses pires cauchemars, à ce que les dirigeants de l'OLP signent des accords avec Israël et «précèdent» le régime jordanien, même dans un sens formel et public. Mais cette étape n'a pas brisé l'esprit de volonté de cet ouvrier révolutionnaire entêté ... "

En 1980, Abu Ali Mustafa a participé à une longue interview sur la situation en Jordanie à cette époque avec le journal en langue arabe du FPLP, Al-Hadaf. Une version traduite de l'interview a également été publiée dans le Bulletin en langue anglaise du FPLP de février 1980.

À la lumière du fait que la vision, les objectifs et le message d’Abu Ali Mustafa, 17 ans après son assassinat criminel, continuent de menacer le régime jordanien – qui intensifie une collaboration profonde avec l’État israélien, notamment un projet de vente de gaz qui a été largement contesté - qu'un simple événement commémoratif est désormais interdit depuis deux années consécutives, nous mettons en évidence cette interview, 38 ans plus tard. Bien qu'un certain nombre de conditions spécifiques aient changé au cours des années qui ont suivi, la vérité, l'exactitude et la clarté de son analyse continuent de briller aujourd'hui.

Parmi les citations de l’interview figurent les suivantes:

"Cependant, nous ne voyons pas le régime jordanien se préparer à une confrontation commune contre l’ennemi sioniste, en dépit du fait que l’ennemi sioniste constitue une menace permanente. Au contraire, ce régime continue d’aider l’ennemi en fermant ses frontières au mouvement de résistance. C'est une caractéristique historique du régime depuis les années 1920. Si nous examinons les facteurs communs entre l’ennemi sioniste et le régime jordanien - meurtre, torture et expulsion contre les patriotes qui s’y opposent - nous pouvons voir que le dénominateur commun sur lequel ils s’accordent est de s’opposer à la révolution et aux masses patriotiques. "

"Face à la crise croissante du régime et à la prise de conscience croissante des masses, il est de notre devoir d'encourager nos masses à utiliser toutes les formes de lutte de classe et nationale pour progresser. C'est la seule voie pour que notre Révolution obtienne une base sûre - libérée et progressiste - pour affronter l'ennemi et libérer nos masses du régime bourgeois oppressif en Jordanie. Jour après jour, le danger de la relation entre l'OLP et le régime jordanien se précise. Dans l'intérêt de la poursuite de la révolution, il est de notre devoir d'alerter les dirigeants de l'OLP sur ce danger et sur le rôle croissant du régime dans la préparation de la prochaine étape de la voie de la capitulation. "

"Chaque jour, des nouvelles sont tirées des arrestations massives de militants palestiniens en Jordanie. La campagne la plus récente a été la détention de 13 militants, accusés d'avoir tenté de traverser la frontière pour «Israël». Qu'en est-il de l'opposition à Camp David, tout en participant à des manifestations d'étudiants dans les universités d'Amman et de Yarmouk, condamnant l'accord de mars 1979? Ou l'expulsion d'étudiants et les procès injustes et l'emprisonnement d'autres personnes pendant dix ans pour avoir manifesté contre les accords de Camp David? Le danger culmine lorsque ces politiques sont autorisées à rester incontestées, par souci de préserver la relation entre l'OLP et ce régime. "
 

[...]

"Ces deux slogans - la liberté politique et le droit de la lutte armée de masse contre l’ennemi sioniste - ne peuvent être séparés ou compromis. Dans la situation actuelle, nous considérons que ces slogans minimaux peuvent rassembler toutes les classes, affligées par l'oppression du régime, contre l'ennemi sioniste. En conclusion, je voudrais faire l'éloge du rôle de nos masses en Jordanie et de nos camarades en difficulté, qu'ils soient emprisonnés ou non. C'est leur conscience et leur persévérance qui ouvrent la voie à notre optimisme justifié dans la victoire des masses. "

Source : Abu Ali Mustafa Website – Traduction : Coup Pour Coup 31

1Sadate : Président de la république d’Égypte, de 1970 à 1981. En 1977, il sera le premier dirigeant arabe à se rendre en Israël pour une visite officielle.